Politique
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Le 16 février dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron ont signé un accord bilatéral de sécurité. (THIBAULT CAMUS / POOL)
Les députés vont se prononcer mardi lors d'un débat suivi d'un vote non contraignant sur l'accord bilatéral de sécurité signé entre la France et l'Ukraine en février. À moins de trois mois des élections européennes, la séquence risque de tourner aux règlements de comptes.
Débat inflammable à l'Assemblée Nationale. "Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu" : les propos tenus par Emmanuel Macron, le 16 février, après la signature d'un accord bilatéral de sécurité avec l'Ukraine, ont remué une partie de la classe politique française. Les députés se prononcent mardi 12 mars sur la stratégie d'aide à l'Ukraine lors d'un débat et d'un vote symbolique, qui devraient servir de terrain d'affrontements entre macronistes, RN et LFI en pleine campagne des européennes. Le Premier ministre, Gabriel Attal, donnera le coup d'envoi des débats vers 16h30, avant l'intervention des groupes politiques puis un vote, sans valeur contraignante, attendu aux environs de 20h. Conclu pour une durée de dix ans, ce texte comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne. En 2024, Paris promet de fournir "jusqu'à trois milliards d'euros de soutien supplémentaire", un financement que pourraient interroger les oppositions alors que le gouvernement vient d'annoncer une série de coupes budgétaires.
Mais dans les couloirs du palais Bourbon, l'ambiance est tendue depuis plusieurs jours. "L'inquiétude dépasse les clivages politiques, estime ainsi le député de la France insoumise Arnaud Le Gall. Nous ne pouvons pas accepter de cautionner cette fuite en avant. Il est inenvisageable d'être en situation de guerre directe face à une puissance nucléaire."
De son côté, la tête de liste du PS pour les élections européennes, Raphaël Glucksmann, juge le "débat utile" pour "clarifier les lignes des uns et des autres" et appelle "tous ceux qui sont attachés à la démocratie et à la sécurité de l'Europe à voter cet accord". "On est favorable à l'accord. Mais notre vote dépendra de la déclaration de Gabriel Attal", nuance le groupe socialiste.
"Lignes rouges" du RN
Si les députés communistes ont eux déjà fait savoir qu'ils voteront contre le texte, à l'autre bout de l'échiquier politique, le Rassemblement national annonce qu'il s'abstiendra. Jordan Bardella, président du RN, a indiqué que ses députés s'abstiendront "pour une raison très simple" : "Sur ce texte dont nous pouvons soutenir le principe, il y a des lignes rouges. Première ligne rouge, l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Nous sommes opposés à toute forme d'élargissement. L'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne pourrait accroître le risque d'escalade car nous devrions une assistance militaire à un pays en guerre au sein de l'Union", a expliqué Jordan Bardella sur France 2.
Un raisonnement soutenu par le député RN Laurent Jacobelli, qui dénonce toutes accointances avec la Russie : "Nous n'avons aucun lien avec la Russie. Tout ça est un fantasme !"
"Ça mérite plus qu'une campagne électoraliste", dénoncent les LR
Voilà pourtant un argument de campagne tout trouvé pour les troupes d'Emmanuel Macron, accusé, en retour, par les oppositions d'instrumentaliser la guerre en Ukraine avant les élections européennes, dont le premier tour est le 9 juin prochain. "La ficelle est un peu grosse et je pense que les Français s'en rendent compte, tacle le député Les Républicains, Antoine Vermorel-Marques. Mais ce qui est le plus grave dans tout ça, c'est que vous jouez avec des vies humaines. On parle d'un conflit armé, ça mérite plus qu'une campagne électoraliste et de la politique politicienne."
Un parfum de règlement de comptes qui planera encore mercredi 13 mars au Palais du Luxembourg avec un débat et un vote, toujours non contraignants.
Source: Franceinfo
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